La 3ème édition de l’Agora diplomatique s’est tenue, hier, au ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur sur le thème : «l’Afrique et la justice pénale internationale».
A cette occasion, le professeur Mactar Kamara, chef du département de droit public à l’Ucad a indiqué qu’aujourd’hui, l’option de l’Union africaine semble être la mise en place d’une véritable Cour pénale africaine, ou une véritable Cour pénale panafricaine.
Amadou Kébé, président de l’amicale des anciens ambassadeurs qui a modéré les débats a, d’emblée, dit que « si l’on avait des juridictions nationales compétentes et si l’on avait la volonté politique de juger, la Cour pénale internationale n’aurait aucun rôle à juger ». « C’est parce qu’il y a défaillances dans les juridictions nationales que la Cpi se saisit ou s’est saisie de certains cas », a-t-il indiqué. De l’avis du Pr Mactar Kamara, chef du département de droit public à l’Ucad qui a animé les débats, «l’Afrique est aujourd’hui au cœur des préoccupations de la justice pénale internationale parce que malheureusement, ils sont légions, les actes de barbaries qui ont pour théâtre le sol africain». Il a ajouté qu’il n’est pas exagéré de dire, de nos jours, que l’Afrique est devenue un véritable enjeu de la justice pénale internationale. Selon lui, le sentiment qui se répand, aujourd’hui, chez bon nombre de dirigeants africains et d’intellectuels du continent est que la Cpi n’est que le bras armé de l’impérialisme judiciaire de l’occident. Par son action judiciaire répressive, toute entière centrée sur l’Afrique, la Cpi prête le flanc à la critique sur l’idée d’une justice du nord contre le sud, d’une justice internationale qui ne l’est que de nom car foncièrement sélective et inégalitaire, teintée de néocolonialisme instrumentalisée voire manipulée par les grandes puissances, a-t-il éclairé.
Pour le Pr Kamara, les espoirs déçus d’une justice internationale impartiale ont pu faire dire à certains que la Cpi n’est ni plus ni moins qu’un simple miroir aux alouettes. Et tout compte fait, «en tout état de cause, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur dix enquêtes qui ont été ouvertes par le bureau du procureur, neuf concernent le continent africain, sur onze procédures d’examens préliminaires, quatre concernent l’Afrique. Vingt mandats d’arrêts ont été émis depuis que la Cpi existe et ces vingt mandats ont tous été émis contre des Africains. Ce sont des chiffres assez parlants. Voilà les raisons qui permettent de dire que finalement les relations entre l’Afrique et la Cpi ne sont pas au beau fixe. C’est la raison pour laquelle l’Afrique veut s’approprier son destin en matière de justice pénale internationale », a-t-il complété.
Amadou DIOP